Les sciences issues de l’expérience sont des sciences du « fait ». Dans l’expérience, les actes de connaissance fondamentaux posent la réalité naturelle (Reales) sous forme individuelle ; ils posent une existence spatio-temporelle, une chose qui a telle place dans le temps, telle durée propre et un statut de réalité (Realitätsgehalt), mais qui, en vertu de son essence, aurait pu avoir n’importe quelle autre position dans le temps ; ces actes posent en outre une chose qui est à tel endroit, sous telle forme physique (ou qui est donnée comme inséparable d’un corps de telle forme) alors que la même réalité considérée dans son essence, pourrait aussi bien exister à n’importe quelle autre place, sous n’importe quelle autre forme, pourrait de même changer, tandis qu’en fait elle ne change pas, ou bien pourrait changer d’une tout autre façon qu’elle ne change en fait. L’être individuel sous toutes ses formes est, d’un mot très général,« contingent ».
Edmund Husserl, Idées directrices pour une phénoménologie, traduit par Paul Ricœur, Paris Éditions Gallimard, 1950, p.16.
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